L’oiseau mystique
La grive a fait son nid sur le rebord de pierre,
Dans l’ogive, en silence, à trois pas de l’autel.
Je la vois, au matin, quand la rose lumière
Frange d’un rayon neuf les voiles bleus du ciel.
Ses yeux ronds, tout brillants, suivent le saint Mystère.
Et j’aime ce regard de l’oiseau fraternel.
On dirait d’un mystique unissant sa prière,
Naïve et qui s’ignore, au rite solennel.
« Elle » car ils sont deux, réchauffe la couvée,
Pieusement soumise à sa tendre corvée ;
Et « Lui » joyeux et fier, chante son oraison.
Chantez, vivez d’amour ! Votre frêle maison,
Heureux petits oiseaux, est pauvrement bâtie...
Mais sur elle descend le reflet de l’Hostie.
Benoît DESFORÊTS, Poèmes de solitude,
Mistassini, s. d.