Le vieux moulin

 

 

Près du ruisseau le temps a déposé l’épave.

J’aime, dans la nuit claire, attentif et songeur,

Fixer d’un long regard la silhouette grave.

 

Quel travail, sans pitié, de l’élément rongeur !

Même un granit en vain lui résiste et le brave...

Le voilà morne et froid, le moulin tapageur.

 

J’écoute... ce n’est plus la chanson de la meule

C’est l’eau moqueuse, en ces débris, l’eau qui s’enfuit.

La pierre active est morte, hélas ! et reste seule.

 

Et le rayon lunaire, en glissant par la nuit,

Sur le rameau sans feuille et la plaintive éteule,

Heurte le vieux moulin qui s’écroule sans bruit.

 

 

 

Benoît DESFORÊTS, Poèmes de solitude,

Mistassini, s. d.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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