Le laboureur a dit
La semaine est finie et la semence est faite ;
Demain nous chômerons puisque c’est jour de fête.
Seigneur, daignez jeter un œil sur nos travaux :
Voici le laboureur, l’araire et les chevaux.
Sur le sol ameubli par le soc et la herse
Le blé fut répandu comme s’épand l’averse.
Nous n’avons épargné ni le grain ni l’engrais.
Et pour que les oiseaux qui nous suivaient de près
Aient eu leur part aussi, nous avons, sur la pierre,
Laissé couler un peu du sac en bandoulière....
Afin que le grenier regorge de moisson
Et que du blé doré naisse le pain de son ;
Afin que le cellier abonde et que la huche
Ne s’ombrage jamais des trésors de la ruche ;
Afin que chaque année, au pied du crucifix,
Mon épouse vaillante apporte un nouveau fils,
Soyez béni, Seigneur, dans la terre féconde
Dont la vertu nourrit et conserve le monde !
Alphonse DÉSILETS,
Dans la brise du terroir, 1922.