Laurentie
Au poète du « Canada chanté »,
M. ALBERT FERLAND
LA majesté du fleuve a fait battre ton cœur,
Riverain de l’eau calme où se mire l’érable.
Et, bien qu’on ait un jour, avec un ris moqueur,
Méprisé ton amour profond, invulnérable,
La majesté du fleuve a fait battre ton cœur !
La majesté des bois a réjoui ton âme.
Bûcheron dont la hache a du sang des aïeux
Sur son manche poli. Le pays te proclame
Son père et son sauveur, toi, l’héritier des vieux.
La majesté des bois a réjoui ton âme !
La majesté des monts élève ton esprit,
Marcheur des durs chemins qui montent vers la gloire.
Tu sus garder la Foi, car ton cœur est pétri
Des solides vertus qui firent ton histoire.
La majesté des monts élève ton esprit !
La majesté du sol éveille ton courage,
Semeur des blés sacrés d’où sortira le pain.
Tu n’auras point courbé ton front devant l’orage,
Fier tenant de la terre où germe le bon grain.
La majesté du sol éveille ton courage !
Tout ce qui fait enfin ta force et ton orgueil,
Ton credo, ton pays, ta langue maternelle,
Tout ce qui met du feu de guerrier dans ton œil
Revivra dans ta race à la sève éternelle.
Et ta race sera ta force et ton orgueil !
Alphonse DESILETS, Mon pays, mes amours, 1913.