Sur le Saguenay
LE Saguenay majestueux
Ses eaux profondes et tranquilles,
Ses anses calmes, ses presqu’îles
Et ses rochers audacieux,
Du matin clair au crépuscule
Protègent paternellement
Le solide et fier bâtiment
Et la nacelle minuscule.
Que le ciel pleure ou que la nuit
Assombrisse soudain ses voiles,
La rive s’allume d’étoiles
Et le vaisseau glisse sans bruit.
Si le vent mauvais se déchaîne,
La baie hospitalière attend
La voile inquiète et lui tend
Ses bras fleuris d’orme et de chêne.
Un charme exquis surgit encor
Dans la fraîcheur inattendue
D’une chapelle humble et perdue
Ici ou là, dans le décor.
Or, Notre-Dame des Marées,
Qu’invoquent les marins pieux,
De tout temps défendit ces lieux
Des catastrophes éplorées.
Ce fleuve enseigne au voyageur
La bonté puissante et discrète.
À sa voix grave, le poète
A senti s’élever son cœur.
Alphonse DÉSILETS,
Dans la brise du terroir, 1922.