Méditation

 

 

                                d’après l’image de M. Olier

                         Notre-Dame de la Vie Intérieure

 

 

À l’étoile

pèlerine de l’espace

le long des soleils en feux

poursuivant

la voie de son destin

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

L’étoile, sans interrompre

le mouvement de sa course :

« tu Le trouveras, dit-elle,

au point le plus élevé de l’horizon...

tous les chemins y mènent

remonte la lumière

jusqu’à sa source

traverse la nuit

elle te reposera

et c’est au dernier matin

que tu y parviendras. »

 

À l’homme

courbé vers la terre

avançant péniblement à travers

les sillons entr’ouverts

de sa vie

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

L’homme, sans relever

sa tête pensive :

« tu Le trouveras, dit-il,

au creux de la plus secrète vallée...

tous les chemins y mènent

suis la rivière docile

qui se hâte vers elle

en toute simplicité.

Tu la reconnaîtras

à ses abords fertiles

si tu hésites encore

fais appel au silence

tout autour il la borde

et pour te la découvrir

n’attend que ton désir. »

 

À l’enfant

qui chemine au bois fleuri

dans la plus grande joie

et le plus grand détachement

qui sans la troubler se reflète

dans l’eau limpide

qu’il côtoie

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

L’enfant, posant sur moi

ses yeux étonnés :

« tu Le trouveras, dit-il,

dans les bras d’une femme

la plus belle qui soit...

tous les chemins y mènent

justement je m’y en vais

pour moi ce doux sentier

chaque jour écarte ses branches

quand il se referme

c’est que je suis là. »

 

Au prêtre

entre ciel et terre élevé

dont la main consacrée

brise les chaînes

et consomme l’unité

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

Le prêtre, sans percer les voiles

de son recueillement :

« tu Le trouveras, dit-il,

sur le plus saint autel

du plus grand sacrifice...

tous les chemins y mènent

de la joie et de la douleur.

N’en approche qu’en tremblant

dans la plus grande ferveur

et le plus grand contentement

dans le filial entendement

de ton cœur. »

 

À la pauvre âme

qui s’embellit au profond séjour

et qui dans les ardeurs de la flamme

à la soif qui la presse

cherche apaisement

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

La pauvre âme, du plein milieu

de son travail intense :

« tu Le trouveras, dit-elle,

là-haut, bien haut

au centre du soleil...

tous les chemins y mènent

pour qui brûle d’espoir.

Si ton élan est le plus fort

tu nous entraîneras

ensemble nous plongerons

dans le foyer ardent.

 

À l’ange de vérité

dont le domaine est la nue

le partage l’extase

qui jamais ne se meut

et partout se maintient

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

L’ange, sublime et fort

me regardant alors :

« viens, dit-il, je t’emporterai

nous Le trouverons

dans la tour inaccessible

la maison que soutient la voûte des cieux...

tous les chemins y mènent

qui s’ouvrent sur l’infini.

Je suis venu vers toi

afin que tu le saches

parmi nous le plus grand

s’empresse à te servir. »

 

À l’élu au nimbe d’or

roi couronné des saints lieux

dont le sceptre est un Lis

le royaume une Rose

immobile au sein de la gloire

fils comblé de la grâce

et de la félicité

j’ai demandé :

« Jésus, je cherche Jésus,

ne sais-tu pas où Il demeure ? »

Le saint, du Nom béni

m’apprenant le secret :

« Marie »

Il repose en Marie

comme en un pur écrin

de joie et d’innocence

comme en un beau jardin

de fraîcheur et d’abondance

comme en un ciel serein

de paix et de clémence

comme en Son bien.

 

Alors j’ai pris en moi

la marche de l’étoile

le désir de l’homme, le sourire de l’enfant

la puissance du prêtre

l’abandon de la pauvre âme

l’envergure de l’ange, la grâce de l’élu

ainsi transportée

recueillie, allégée

offerte, embrasée

soutenue et ravie

je t’ai vue

ô Notre-Dame de la Vie Intérieure

source de la lumière

terre du silence

chemin de l’enfance

autel de l’immolation

centre de la flamme

temple de la vérité

jardin de délices

je t’ai vue

au plus haut des cieux !

Tes pieds touchaient la terre

tes mains, l’une sur l’autre croisées

semblaient dans ton Cœur

supporter l’Esprit

et Lui

de ses ailes ouvertes

soutenir ton ravissement

dans la Plénitude des Trois

Vie, Parole, Amour

où brille à tes yeux

Fille, Épouse et Mère

la Croix et l’Eucharistie

de ton enfantement

fruit inséparable.

 

 

 

Germaine DESJARDINS-VERSAILLES,

Je suis Marie ou Celle qui vient,

Centre marial canadien, 1952.

 

 

 

 

 

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