Voici donc le temps désirable...
Voici donc le temps désirable,
Où des cieux la grâce admirable
Nous fait naître un Soleil au milieu de la nuit.
Ô Nuit, quel heur et quelle gloire !
Le jour te cède la victoire
Puisque pour ton flambeau le Fils de Dieu te luit.
Adorons cet Astre admirable,
Aux pécheurs même favorable,
Qui, sortant d’un beau sein, donne et reçoit le jour.
Heureux sein d’une Vierge pure
Qui, contre l’ordre de Nature,
A pu si chastement porter les fruits d’amour !
Dans le temps des rudes tempêtes,
Sous un toit, le séjour des bêtes,
Sans secours et sans feu naît le Maître des rois ;
Et s’accoutumant à la peine,
Des vents souffre la froide haleine
Et dedans le berceau porte déjà sa croix.
Cependant la Vierge divine
Sur son fils humblement s’incline,
Adorant ce grand Roi dans un si pauvre lieu.
Un doux et saint transport l’anime ;
Mais son humilité réprime
Le plaisir glorieux d’avoir produit un Dieu.
Saint Enfant d’une sainte Mère,
Qui prends part à notre misère,
Voulant nous donner part aux délices des cieux,
Fais-nous renaître à ta naissance
Et donne la paix à la France,
Comme tu la donnas venant en ces bas lieux.
Jean DESMARETS DE SAINT-SORLIN.
Recueilli dans Notre-Dame des Poètes,
Anthologie réunie et présentée par Joseph Barbier,
Robert Morel Éditeur.