Sur des abîmes creux...
Sur des abîmes creux les fondements poser
De la terre pesante, immobile et féconde,
Semer d’astres le Ciel, d’un mot créer le monde,
La mer, les vents, la foudre à son gré maîtriser :
De contrariétés tant d’accords composer,
La matière difforme orner de forme ronde,
Et par ta prévoyance en merveille profonde
Voir tout, conduire tout, et de tout disposer ;
Seigneur, c’est peu de chose à ta majesté haute ;
Mais que toi, Créateur, il t’ait plu, pour la faute
De ceux qui t’offensaient en croix être pendu,
Jusqu’à si haut secret mon vol ne peut s’étendre ;
Les Anges ni le Ciel ne le sauraient comprendre ;
Apprends-le-nous, Seigneur, qui l’as seul entendu.
Philippe DESPORTES.
Recueilli dans Anthologie religieuse des poètes français,
t. I, 1500-1650, choix, présentation et notes d’Ivan Gobry,
Le Fennec éditeur, 1994.