Hélas ! si tu prends garde...
Hélas ! si tu prends garde aux erreurs que j’ai faites,
Je l’avoue, ô Seigneur, mon martyre est bien doux ;
Mais, si le sang du Christ a satisfait pour nous,
Tu décoches sur moi trop d’ardentes sagettes.
Que me demandes-tu ? Mes œuvres imparfaites,
Au lieu de t’adoucir, aigriront ton courroux ;
Sois-moi donc pitoyable, ô Dieu ! père de tous ;
Car où pourrai-je aller, si plus tu me rejettes ?
D’esprit triste et confus, de misère accablé,
En horreur à moi-même, angoisseux et troublé,
Je me jette à tes pieds, sois-moi doux et propice !
Ne tourne point les yeux sur mes actes pervers,
Ou si tu veux les voir, vois-les teints et couverts
Du beau sang de ton Fils, ma grâce et ma justice.
Philippe DESPORTES, Œuvres chrétiennes.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.