Puisque le miel d’amour…

 

 

Puisque le miel d’amour, si comblé d’amertume,

N’altère plus mon cœur comme il fit autrefois ;

Puisque du monde faux je mesprise les lois,

Monstrons qu’un feu plus saint maintenant nous allume.

 

Seigneur, d’un de tes cloux je veux faire ma plume,

Mon encre de ton sang, mon papier de ta croix,

Mon subject de ta gloire, et les chants de ma voix

De ta mort, qui la mort éternelle consume.

 

Le feu de ton amour, dans mon âme eslancé,

Soit la sainte fureur dont je seray poussé,

Et non d’un Apollon l’ombrageuse folie.

 

Cet amour par la foy mon esprit ravira,

Et, s’il te plaist, Seigneur, au ciel l’élevera

Tout vif, comme sainct Paul ou le prophète Élie.

 

 

 

Philippe DESPORTES.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie catholique

de Villon jusqu’à nos jours, publiée et annotée

par Robert Vallery-Radot, Georges Grès & Cie, 1916.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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