Le chapelet

 

 

C’est un vieux chapelet, bien vieux, qu’on m’a remis

Par un soir du mois d’août, un soir d’anniversaire ;

On m’a dit : – « Souviens-toi qu’il te vient de ta mère,

Qu’il est pour l’orphelin le meilleur des amis... » –

 

Depuis lors bien souvent, aux heures de détresse,

Mes yeux ont contemplé le Sauveur sur sa croix,

Mes doigts ont effleuré ses humbles grains de bois

Et mon cœur inconstant a perdu sa tristesse...

 

Parmi mes souvenirs il restera longtemps

Le chapelet si vieux, si vieux qu’avait ma mère

Sur lequel, achevant une course éphémère,

Elle mettait encor ses baisers palpitants...

 

Et quand le froid dégoût de la vie orageuse

S’empare de mon être où lutte le Devoir,

Pour tremper ma force et retrouver l’Espoir

Je pose sur ses grains une lèvre pieuse.

 

 

 

Francis DES ROCHESBrumes du soir, 1920.

 

 

 

 

 

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