Une âme qui monte au ciel
La terre est loin déjà, dans les champs de l’espace
Je monte, monte avec rapidité ;
Et mon regard pour qui rien ne s’efface
Peut dans ses profondeurs sonder l’immensité.
Enfin j’ai dépouillé l’enveloppe mortelle
Qui captivait ma vue et mon essor
Le temps d’épreuve est fini, Dieu m’appelle,
Et sur moi cependant là-bas on pleure encor.
Pourquoi pleurer sur moi, sur ma nouvelle vie,
Vous que j’aimais et que j’aime toujours ?
Je ne vois plus la triste maladie
Assise à mon chevet compter mes jours.
Chrétienne et résignée, au sein de la souffrance,
Sans murmurer j’ai supporté mon sort.
Dieu m’éprouvait, j’obtiens ma récompense,
Pourquoi pleurer sur moi, lorsque j’arrive au port ?...
Je m’élance à travers d’innombrables étoiles,
Flambeaux d’un monde ou mondes habités ;
Les sombres nuits pour moi n’ont plus de voiles,
Partout d’un jour sans fin les limpides clartés.
Qu’il est grand, qu’il est bon, celui dont la puissance
Donna la vie à tout ce que je voi !
Dans sa splendeur, dans sa magnificence,
Je vais le contempler... Pourquoi pleurer sur moi ?
Ah ! de combien d’horreurs la divine lumière
Va désormais affranchir ma raison !
Plus je m’élève au-dessus de la terre,
En moi, comme au-dehors, plus s’étend l’horizon.
Mais j’emporte à jamais votre douce mémoire,
Êtres chéris sur ma tombe éperdus ;
Séchez vos pleurs, dans l’éternelle gloire
Vous me retrouverez et ne me perdrez plus.
Théodore DES RIVES.
Paru dans L’Austrasie en 1863.