Triolets
(Chantés par l’auteur le jour de son testament, 6 décembre 1816,
mis en vigueur le 1er janvier 1817, du vivant du testateur.)
I
JE ne veux plus avoir de bien,
C’est un des tourments de la vie.
La mort ne m’enlèvera rien,
Je ne veux plus avoir de bien.
Débarrassé de tout lien,
Impassible aux traits de l’envie,
Je ne veux plus avoir de bien,
C’est un des tourments de la vie.
II
J’ai trouvé l’art de m’enrichir
Dans cet abandon volontaire ;
Point de soucis pour l’avenir,
J’ai trouvé l’art, de m’enrichir.
Savoir se priver c’est jouir,
Bonheur inconnu du vulgaire.
J’ai trouvé l’art de m’enrichir
Dans cet abandon volontaire.
III
Mon hiver n’est plus qu’un printemps,
Où les fleurs s’empressent de naître,
Où sont les fruits en même temps,
Mon hiver n’est plus qu’un printemps.
À l’aspect de ces jours brillants
J’ai vu les frimas disparaître,
Mon hiver n’est plus qu’un printemps,
Où les fleurs s’empressent de naître.
IV
Je dois bénir chaque soleil
Que m’accorde la Providence,
Au jour naissant de mon réveil,
Je dois bénir chaque soleil.
Et la nuit, lorsque le sommeil
M’invite à sa douce influence,
Je dois bénir chaque soleil
Que m’accorde la Providence.
Ch.-Eug.-Joseph DESSAIX.
Recueilli dans Le Parnasse contemporain savoyard,
publié par Charles Buet, 1889.