Pour le petit bonnet blanc

d’une maman provençale

 

 

Aux heures de la nuit, quand je rêve, Provence,

À tes flancs parfumés, à ton soleil brûlant,

Quand, secoué d’amour, ô gueuse, je m’élance...

La maman m’apparaît – cher souvenir d’enfance –

                         Avec son petit bonnet blanc.

 

C’est qu’elle est belle, et tendre, et douce, et puis si bonne !

Avec son gai sourire et son regard très lent

Qui bénit, qui comprend et qui parfois pardonne...

Et tout cela frémit et tout cela rayonne

                         Sous son cher petit bonnet blanc.

 

Et seul, quand la douleur – celle que je dois taire –

Me secoue et me tord, comme un enfant tremblant,

Aux heures de combat, j’appelle encor ma mère :

C’est elle qui se penche à mon lit de misère

                         Avec son petit bonnet blanc.

 

Et de sa douce main dont j’aime la caresse

Elle enlève la fièvre à mon front trop brûlant,

Et je m’endors, bercé dans sa chaude tendresse,

Écoutant les vieux airs qu’elle chante à la messe

                         Avec son petit bonnet blanc.

 

Et si parfois alors la fortune bizarre

Du bonheur me permet le rêve étincelant,

Bien vite vers ma mère encor mon cœur s’égare,

Et d’un rire charmant son visage se pare

                         Sous son cher petit bonnet blanc.

 

Que je sois triste ou gai, que l’heure flâne ou vole,

Je resterai pour Toi le tout petit enfant

Qu’aujourd’hui, comme alors, ton doux regard console...

D’une sainte, à mes yeux, c’est, pour sûr, l’auréole

                         Que ton cher petit bonnet blanc.

 

Aussi, vois-tu, maman, si la gloire m’attire,

Si je veux que ton fils ait un nom fier et grand,

Si je veux être bon, si je veux qu’on m’admire,

Si je veux être aimé, c’est pour te voir sourire

                         Sous ton cher petit bonnet blanc.

 

 

 

Emma DI RIENZI.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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