Charité
Où l’on voyait jadis un tapis de verdure,
La
neige a mis son blanc manteau ;
Le ruisseau ne fait plus entendre son murmure :
Il
est glacé sur le coteau.
Plus de fleurs, plus de parfums, plus de chansons joyeuses ;
Les
petits oiseaux désolés
Cherchent en vain l’abri sous leurs plumes soyeuses ;
Les
beaux jours se sont envolés.
Donnez, enfants heureux, à l’enfant votre
frère
Qui
dans l’ombre pleure de faim ;
Un son pour vous n’est rien : dans sa triste
misère
Pour
l’enfant pauvre c’est du pain.
Donnez, voici l’hiver qui s’avance terrible
Pour
la maison sombre sans feu.
Le pauvre tremble fort à ce contact horrible
Et
pour vous le froid est un jeu.
Vous qui riez du froid, de la neige et du givre,
Dont
les jours sont pleins de gaîté,
Donnez au malheureux le pain qui le fait vivre,
Car
Dieu bénit la charité.
Charles DIVET.
Paru dans Le Chercheur, revue éclectique, en 1889.