Dis, douce Marie...

 

 

Dis, douce Marie avec quel amour

Tu regardas ton petit enfant, le Christ, mon Dieu !

        Quand tu l’eus enfanté sans peine,

La première chose, je crois, que tu fis

Fut de l’adorer, ô pleine de grâce !

Puis sur le foin, dans la crèche, tu le posas ;

Tu l’enveloppas dans quelques pauvres langes,

L’admirant et te réjouissant, je crois.

        Oh ! quelle joie tu avais et quel bonheur

Quand tu le tenais dans tes bras !

Dis-le, Marie ; car peut-être conviendrait-il

Que, par pitié du moins, tu me satisfasses un peu.

Tu l’embrassais alors sur le visage,

Si je crois bien, et tu lui disais : « Ô mon petit enfant ! »

        Tantôt enfant, tantôt père et seigneur,

Tantôt Dieu et tantôt Jésus : ainsi tu l’appelais.

Ô quel doux amour tu sentais en ton cœur,

Quand sur ton sein tu le tenais et l’allaitais !

Que de doux et suaves gestes d’amour

Charmaient tes yeux, quand tu regardais ton fils !

        Si parfois dans le jour il s’endormait un peu

Et que tu voulusses éveiller ce trésor de paradis,

Tu marchais tout doucement, tout doucement, pour qu’il ne t’entendît pas,

Et tu posais ta bouche sur son visage,

Et puis tu lui disais avec un sourire maternel :

« Ne dors plus, cela te ferait mal. »

        Fille du souverain Père,

Humble servante du Seigneur,

Très pieusement par Lui tu fus appelée « Mère ».

À cette seule pensée, le cœur se fond

À qui sent quelque douce étincelle

De cet amour, dont toujours je m’éloigne.

        Va, ma chanson, vers Marie, notre chère avocate.

Agenouillée devant elle, prie-la pour moi

Afin qu’elle ne me soit pas trop avare de son fils,

Qui jamais ne lui refusa, ni ne lui refuse rien.

Et dis-lui encore : « Ah ! retiens, retiens pour jamais

Celui qui toujours s’éloigne de toi ! »

 

 

 

Giovanni DOMINICI.

 

Recueilli dans Le livre de la Vierge, 91 tableaux de Maîtres,

choisis par Yves Sjöberg, et 77 poèmes du XIIe au XXe siècle,

recueillis par Bertrand Guégan, 1961.

 

 

 

 

 

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