Ne sois pas fière, ô Mort

 

 

Ne t’enorgueillis point, ô Mort, bien que parfois

Dite grande et terrible, car telle tu n’es point ;

Ceux sur lesquels tu t’imagines triompher

Ne meurent, pauvre Mort ; tu ne peux me tuer.

Nous tirons du repos, du sommeil, tes images,

Grand plaisir ; de toi-même en doit sortir bien plus ;

Et nos meilleurs sont les premiers à te rejoindre –

Tu soulages leurs os, tu délivres leurs âmes !

Tes maîtres sont : destin, hasard, rois, furieux ;

Tu demeures avec poison, maladie, guerre ;

Un charme, ou le pavot, peuvent nous endormir

Autant, mieux que ton dard. Pourquoi donc tant d’orgueil ?

Un somme, et nous nous éveillerons éternels ;

Et la Mort ne sera plus ; Mort, tu mourras !

 

 

 

John DONNE.

 

Traduit par Louis Cazamian.

 

 

 

 

 

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