Poème enfantin
L’automne plein de deuil pleure ses feuilles mortes,
Un frisson de regret traverse les rameaux,
Avec acharnement le vent lance des mots,
Des mots passés, vieillis qui s’écrasent aux portes
Grinçantes sur leurs gonds, hargneuses ou plaintives,
S’arc-boutant au chambranle, en face du foyer,
Contre ce fort nordet fantasque et dévoyé,
Venu de loin, dessus les monts, dessus les rives.
Mon père revient-il ? Où donc est son bateau ?
Là-bas, là-bas, j’entends l’écho des chansons vagues,
Qui montent de la mer aux écumantes vagues !
Que voyons-nous bercer et tanguer sur les eaux ?
La voile blanche lutte et brave les rafales.
Sauvez, Seigneur-Jésus, tous ces visages pâles !
Québec, 22 septembre 1925.
Louis-Joseph DOUCET.
Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.