Rêve de novembre
La neige blanche,
En avalanche
Que souffle encor
Le vent du nord,
Tourne, tremblante,
Dans la tourmente,
Au regard noir
Du vaste soir.
Et dans la brume,
Le toit qui fume
Nous apparaît
Sous un reflet
D’astre nocturne,
Oubli diurne,
Petit décor.
D’un rayon d’or.
Mais la tempête,
Courbant la tête
Aux humiliés
Dont vous riez,
Jette le rêve
D’une autre grève
Où tout s’endort
Avec la mort.
La neige est belle,
Mais ces bruits d’aile,
Dans les grands vents,
Sont les tourments
Des pauvres âmes
Sortant des flammes,
En soupirant,
Au soir mourant.
Et sur la sente
Suivant la pente
Des peupliers
Et des halliers,
Au vent qui gèle,
Pleure, éternelle,
Sur les verglas,
La voix des glas.
La neige tombe.
Voici la tombée
Où mon ami,
S’est endormi ;
Et sur sa pierre
Dans l’ombre austère,
Ployez genoux,
Priez pour nous !
Louis-Joseph DOUCET, Ode au Christ
suivie de Pièces religieuses et patriotiques, 1910.