Soir souverain
Soir souverain, ton charme inspire
L’émotion de l’infini,
Et dans ton calme l’on respire
L’amour de Dieu qui t’a béni.
Heureux dictamen du poète,
Soir, tu portes de doux secrets
Qu’enchérit ton ombre muette
Sous tes astres aux saints reflets.
À travers cette onde qui brille,
L’on voit les chaumes se mirer ;
Dans ce lac l’étoile scintille
Comme au fond du grand ciel moiré.
L’odeur des près et des salines
S’épand suave, avec la nuit.
La lune a des clartés divines
Et monte à l’horizon sans bruit.
Là-bas où la grenouille chante
Près du fossé, gîte qui luit,
L’herbe qui penche, haute et lente
Salue à la brise qui fuit.
Louis-Joseph DOUCET, Ode au Christ
suivie de Pièces religieuses et patriotiques, 1910.