Les soleils couchants
Sur l’ombre des décrépitudes
J’aime voir les ors des couchants ;
Mon âme, en proie aux solitudes,
Y puise l’accent de ses chants.
Mon cœur, cherchant ces feux divins,
Ces feux d’une grève plus belle,
Jamais ne s’y réchauffe en vain,
Par eux il devient moins rebelle :
Moins rebelle au destin jaloux,
Et plus porté vers ce qui pleure ;
Aux revers il se fait plus doux,
Et plein de jeunesse il demeure.
Le vrai Ciel, le Ciel des élus,
Doit être là, dans ces étages :
Là, jouissant de leurs vertus,
Les saints choisissent leurs nuages.
Nuages de gloire et d’encens
Semés aux célestes pénombres,
Où l’âme de nos chers absents
S’illumine loin de nos ombres !
Le juge y soutient l’accusé,
Le pardon suit toute misère...
Va mon âme t’y reposer,
Là-haut la vie est moins sévère !
Louis-Joseph DOUCET, Ode au Christ
suivie de Pièces religieuses et patriotiques, 1910.