À l’automne
Qu’as-tu fait du gazon,
Du beau tapis de mousse,
De la belle saison
Que l’on trouvait si douce ?
Qu’as-tu fait de l’été ?
Où sont les brises molles
Pleines de volupté
Et de chansons frivoles ?
Qu’as-tu fait des doux nids
Des brunes hirondelles
Qui cachaient leurs petits
Au faîte des tourelles ?
Qu’as-tu fait de l’œillet,
Qu’as-tu fait de la rose
Dont le parfum discret
Était si bonne chose ?
Qu’as-tu fait des beaux jours
De soleil et de vie ?
Qu’as-tu fait des amours
Dont l’âme était ravie ?
Hélas ! tout est fini,
Tout est rentré dans l’ombre,
Le bois est dégarni
Et la nature est sombre.
Seule une voix de glas
Qu’un grand vent nous apporte
Se lamente tout bas
Jusques à notre porte.
On sent le souvenir
Des morts qu’on abandonne,
Avec toi, revenir,
Triste saison d’automne.
Dieu, dans tes jours moins beaux,
Reçoit plus de prière
Et sur d’humbles tombeaux
Fait luire sa Lumière.
Éva O. DOYLE, Le livre d’une mère, 1939.