L’horloge
L’horloge grave et solennelle
Cadence un pendule d’acier.
Comme une longue ritournelle
J’entends le bruit du balancier.
Lorsque, rêveuse, je prolonge
Du passé, le cher souvenir,
Si je vais trop loin dans mon songe
Son tic-tac me fait revenir.
Je voudrais bien que la pendule
Répète mes bonheurs d’enfant ;
Je voudrais bien qu’elle recule
Et sonne encor les jours d’antan.
Mais que je chante ou que je pleure
Impassible dans son circuit,
L’horloge marche et sonne l’heure
Indifférente au temps qui fuit.
Cette indifférence me glace,
Car je sais qu’elle sonnera
Toujours avec la même audace
L’instant où Dieu m’appellera.
Éva O. DOYLE, Le livre d’une mère, 1939.