À ma mère
Mourir et te revoir, ô mère bien-aimée,
Serait le grand bonheur de ta petite enfant.
Dans une tombe en bois, être bien enfermée
Mais connaître avec toi le séjour triomphant.
Enfin de mes travaux trouver la récompense
Et bénir à jamais le jour de mon trépas,
Car je crois aux beautés que tu vois et je pense
Que tout n’est pas fini quand on part d’ici-bas.
Bientôt au grand cadran Dieu va marquer mon heure,
La mort me sera douce et je saurai partir.
Sur mon humble tombeau je ne veux pas qu’on pleure
Mais, dans la terre, en paix, laissez ma chair périr.
Quand l’âme s’initie à la vie immortelle,
Quand elle a pénétré les éternels secrets,
Étouffez vos sanglots, ne pleurez pas sur celle
Qui désormais pour vous n’aura plus de regrets.
Ô grande vérité, que la mort nous dévoile,
Toi qui prends notre main et vers Dieu nous conduis,
Indique-moi la voûte où brille ton étoile.
Qu’un peu de ta lueur vienne éclairer mes nuits !
Éva O. DOYLE, Le livre d’une mère, 1939.