Mystère
Vous, que la vérité délivre enfin du leurre,
Combien je vous regrette et combien je vous pleure !
À l’appel du Seigneur vous êtes accourus
Et la mort vous a pris, bien-aimés disparus,
Dans une autre demeure.
Vous êtes nos aînés dans l’Éden infini.
Vous avez vu le Dieu qui pèse et qui punit.
Se peut-il que du haut de l’éternelle sphère
Votre œil purifié regarde encor la terre
Où rien ne nous unit ?
Vous que la paix remplit et que la gloire inonde,
Vous ressouvenez-vous de la terre et de l’onde,
D’avoir connu le jour, d’avoir connu la nuit,
Ou si votre œil éteint n’a plus jamais relui
En quittant notre monde ?
Moi, je crois que vos yeux ont vu l’autre côté,
Je crois qu’ils sont ouverts dans une immensité,
Mais c’est en vain pourtant que mon âme éperdue
A cherché des secrets dans la vaste étendue
De votre éternité.
Éva O. DOYLE, Le livre d’une mère, 1939.