Toussaint

 

 

Je suis allée au bois voir l’automne de près ;

Les érables trop fiers de leurs mille nuances,

Les peupliers tremblants aux murmures discrets

Et les pins toujours verts comme au temps des semences.

 

J’ai senti le bonheur d’être seule un moment

À travers la forêt dont la plainte m’est douce.

J’ai mêlé mes soupirs au souffle du grand vent

Et j’ai perdu mes pas en marchant dans la mousse.

 

La fin de toute chose est écrite en ce lieu.

Une voix qui s’éteint afflige la nature.

Mon cœur aussi connaît l’automne et la froidure,

Mais il poursuit son rêve en regardant les cieux.

 

Les cieux ! Là rien ne meurt, là, plus rien ne succombe,

L’ancre qui nous retient est à jamais levé,

Et qu’importent l’automne et le froid et la tombe,

Quand le cœur va s’ouvrir au Dieu qu’il a rêvé.

 

 

 

Éva O. DOYLE, Le livre d’une mère, 1939.

 

 

 

 

 

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