Leurs yeux
Où sont les chers regards que l’on a tant aimés,
À quelle douce aurore, à quelle autre lumière
S’est ouverte à jamais leur humide paupière ;
Où regardent les yeux qu’une larme a fermés ?
De nos désirs humains ils étaient animés,
Ils aimaient comme nous et dans leur vie entière
Ont connu le travail, le repos, la prière
Et nos pauvres plaisirs les ont pourtant charmés.
Sont-ils remplis d’extase, inondés d’allégresse,
Goûtent-ils à jamais une éternelle ivresse ;
Par la splendeur de Dieu sont ils enfin ravis ?
Ils ont trop tôt connu la mort et son mystère ;
Les yeux des disparus sont des yeux assouvis
Qui ne gardent plus rien des choses de la terre.
Éva O. DOYLE, Le livre d’une mère, 1939.