Les misérables

 

 

L’arc-en-ciel

Filtre le soleil

En cascades de pluie,

Et voilà, il est parti !

Et moi, au pied d’un bouleau

Je pense à ma vie

Couverte de nuages d’argent,

Et à ceux qui sont partis si haut

Dans ces espaces infinis.

Parmi ceux-là, bien des indigents

Qui ont connu des jours de famine,

Le froid qui glace les os jusqu’à la moelle.

Passant, vois ceux qui meurent dans les ruelles,

Et la vermine

Qui jonche les planchers du misérable,

Rien à manger sur sa table.

Seul, délaissé, il quête

Dans un coin sombre,

Et il voit dans l’ombre

Les réjouissances de la fête

Chez le puissant.

Il n’a rien

Mais il sourit à l’enfant !

Sa jeunesse lui revient...

Il revoit le doux regard

De sa tendre mère

Qui le soir,

Le bordait l’hiver.

Ce passé en filigranes d’or

Coule maintenant de ses yeux...

Il songe à la mort,

Car maintenant il est vieux.

Les cloches de l’appel

Résonnent en lui.

« DIEU du ciel

Emporte-moi cette nuit... »

Et le Père

Dans sa miséricorde,

Lui reprit sa vie...

 

 

 

Serge DRAPEAU, Mémoires d’un enfant de la terre,

Les Éditions Émile-Nelligan, 1988.

 

 

 

 

 

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