Qui que tu sois
Qui que tu sois, passant du ténébreux chemin
Où la vie a semé ses urnes cinéraires,
Ô promeneur hanté de sublimes chimères,
Si tu veux te survivre à toi-même, demain,
Cueille pieusement les sanglots surhumains
Que rythme, dans ton sein, ce cœur qui s’exaspère.
L’Idéal n’est vivant qu’aux cimes des calvaires :
Adore ta douleur et donne-lui ta main.
Et surtout garde-toi de suivre cette tourbe,
Affreux troupeau bêlant, qui piétine et s’embourbe
Sur la route vulgaire et s’y vautre en riant.
Marche seul et sois fier ; plein de morgue, relève
Ta tête altière, et fuis les contacts infamants ;
Ne choisis pour sentier que celui de ton rêve.
Albert DREUX.