Blancheur
À ma fille
Annie
Les fleurs que j’aime bien
sont les blancs nénufars
Qui bercent à jamais
la si tendre Ophélie.
Elle y dort, apaisée,
ayant fui sa folie,
Sur laquelle ont pleuré
ces pâles fleurs sans fards.
Peut-être bien qu’aussi
leurs pétales épars,
Dans le Tibre, ont guidé
l’intrépide Clélie,
Ont connu ses espoirs
et sa mélancolie,
Puis, frêles boucliers,
furent percés de dards !
En leur galbe ondulant
et leur albâtre insigne,
Se blottit la ferveur
d’un moite chant de cygne !
D’un fluide orient,
perles, Dieu les créa !
La rose, auprès de vous,
semble porter mandille,
Blanches fleurs de la nymphe
et de la jeune fille !
J’ai
vu
dans
mon
jardin,
en
rêve,
un
nymphéa !
Marguerite DROUIN-O’DONOUGHUE,
Secret désir, contes vrais pour grandes personnes, Fides, 1955.