Dignité
Voyez, sur ma maison,
s’épandre le lierre.
En méandres craintifs,
en un lent désarroi,
Il tente de masquer
la stagnante paroi :
Frisson de vie enté
sur mort de la pierre !
Et mon âme est un mur
morne comme un suaire.
De ses rigides pans
tout alourdis de froid,
Il sourd un tel dégoût,
il suinte un tel effroi,
Qu’un enfant, la voyant,
dirait une prière...
Et fixerait peut-être,
en joignant ses deux mains,
La Liane divine
à ces contours humains !
Et peut-être qu’alors,
sous les tendres volutes...
Mon âme revivrait,
belle, toute clarté,
Capable de tourments,
mais capable de luttes !
Ah !
mon
âme
se
meurt,
cherchant
sa
dignité.
Marguerite DROUIN-O’DONOUGHUE,
Secret désir, contes vrais pour grandes personnes, Fides, 1955.