Ma pensée dans
le cloître du vers
Le Vers est la cellule
où vient s’agenouiller
Ma Pensée en désordre,
éparse, vagabonde,
Pour saisir l’Unité
dont ce Silence abonde,
Et de tant de factice,
enfin, se dépouiller !
Vers ! Cilice poignant !
Et ce dur oreiller
Où ma Pensée a mal...
telle une moribonde
Qui s’apaise pourtant,
comprenant qu’on l’émonde
Pour qu’elle puisse, au soir,
en Grâce s’effeuiller.
Le Vers est discipline...
Il est le clair regard
Qui, heurtant ma Pensée,
en punit le hagard.
Beau regard obstiné
qui me fouille et m’épure !
Je t’aime, ô mon tyran
qui soulèves du sol !
Ô Vers contemplatif
en tunique de bure !
Dans
le
cloître
du
Vers,
ma
Pensée
est
Envol !
Marguerite DROUIN-O’DONOUGHUE,
Secret désir, contes vrais pour grandes personnes, Fides, 1955.