Quand la prairie a soif...
Bien loin, bien loin du ciel
en son azur figé,
Bouddha mystérieux,
insensible et suave,
Se terre le blé court,
autant qu’un ver, épave !
Le blé se meurt de soif.
Il est laid, tout rongé.
Et l’on voit le silo,
naguère trop gorgé,
Dresser, vide et sans joie,
un embrassement hâve.
On voit le paysan
méditer, simple et grave.
Sous l’éclatant soleil,
l’homme est découragé.
Séduit par la batteuse
étrange et mécanique,
Il jeta son fléau,
vieille batteuse antique.
Est-ce lui qui revient ?
Lui, vengeur ? Lui... Fléau !
Quand la Prairie est là,
haletante, assoiffée,
Pleurant l’avortement
de sa graine étouffée,
Peut-on
Vous
rappeler,
Seigneur,
le
« verre d’eau » ?
Marguerite DROUIN-O’DONOUGHUE,
Secret désir, contes vrais pour grandes personnes, Fides, 1955.