La source intérieure
Fuyant l’oppression
de la ville inhumaine,
Ma fatigue a trouvé
la sylvestre fraîcheur.
Mon esprit accablé,
tel un las défricheur,
S’est éloigné de l’arbre
à frondaison hautaine.
Ainsi qu’il doit hanter
la source souterraine,
Me hantait l’appel clair
du coudrier chercheur !
Enfin, mettant à nu
l’ivoirine blancheur,
J’obtins de l’arbrisseau
la branche suzeraine.
Et je crus voir mon cœur,
et tous ces cœurs humains
Qui n’ont pas de sourcier,
noble baguette en mains,
Pour y faire jaillir
source qui s’acagnarde.
Je le brisai, ce bois
qui ne peut dire : « Crois ! »
À la Bonté prostrée
et que l’Oubli poignarde !
À
mes
pieds,
deux
tronçons
se
nouèrent
en
croix...
Marguerite DROUIN-O’DONOUGHUE,
Secret désir, contes vrais pour grandes personnes, Fides, 1955.