Ô rumeur de la mer...
Ô rumeur de la mer au fond des coquillages !
Les yeux fermés je sens frémir à ton appel
Et s’élancer au fil d’aventureux sillages
Mes songes, blancs voiliers, sur un glauque irréel,
Sous la limpidité des naissantes étoiles
Je vois, du promontoire où guette le veilleur,
Miroiter le reflet onduleux de leurs voiles
Sur l’abîme secret du monde intérieur
Le front voilé comme l’épouse des cantiques
Les figures de proue avancent sur la mer,
L’odeur des pays verts et des fruits exotiques
Se mêle sur leur lèvre avec l’embrun amer.
Et mon âme, en sa soif des immensités pures,
S’élève et plane à grands coups d’ailes nonchalants,
Et son vol s’entrelace, au dessus des mâtures,
À l’essor infini des libres goélands.
Marie-Louise DRUILHET.
Recueilli dans Anthologie de la Société des poètes français, t. I, 1947.