Sonnet spirituel
Sus, sus, mon âme, ouvre l’œil et contemple
L’arc triomphal de l’amour supernel
Qui, pour laver ton péché paternel,
Porta le faix de ta perte si ample.
Là de pitié est le parfait exemple ;
Sus donc, mes vers, d’un vol sempiternel ;
Portez mes vœux en son temple éternel :
Le cœur fidèle est de Dieu le saint temple.
S’il a servi pour rendre l’homme franc,
S’il a purgé mes péchés de son sang
Et s’il est mort pour ma vie assurer,
S’il a goûté l’amer de mes douleurs,
Prodigues yeux, ne devez-vous pleurer
D’avoir sans fruit dépendu tant de pleurs ?
Joachim DU BELLAY.
Recueilli dans Anthologie de la poésie catholique
de Villon jusqu’à nos jours, publiée et annotée
par Robert Vallery-Radot, Georges Grès & Cie, 1916.