L’adoration sur la montagne

 

 

De sentier en sentier j’ai gravi la montagne.

Dans les bois de sapins où le soir m’accompagne,

Seul, loin du monde impur, je me suis arrêté.

À l’horizon de feu le soleil se balance :

C’est l’heure de splendeur et de magnificence

Où la création pressent l’éternité.

 

Ô Seigneur ! ô Seigneur ! que tes œuvres sont belles !

Que l’humaine parole est débile auprès d’elles !

Que nous sommes néant, même pour t’admirer !

Au désir infini mon âme s’est ouverte :

Agenouillé dans l’herbe et tête découverte.

Je veux m’humilier, adorer et pleurer.

 

Je t’adore, mon Dieu, dans ce soir solitaire,

Dans cette paix du ciel qui descend sur la terre,

Dans ce brouillard de feu sur l’azur déroulé !

De ses flots de parfums la nature t’encense ;

Pour t’entendre passer l’univers fait silence.

Et devant ta grandeur le soleil s’est voilé.

 

La nuit s’est étendue, et les bruits de la terre

Ne montent plus au front de ce mont solitaire ;

Les astres perlent d’or le grand firmament bleu.

Dans mon esprit serein s’étend un calme immense,

Et, plein de ta grandeur, méditant en silence,

Je m’incline et t’adore, ô Père inconnu, Dieu !

 

 

 

Eugène DUBOIS.

 

Recueilli dans Anthologie belge, publiée sous le patronage du roi

par Amélie Struman-Picard et Godefroid Kurth,

professeur à l’Université de Liège, 1874.

 

 

 

 

 

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