Adoration
Ce bonheur que Tu me donnes
est le miel des jours heureux,
l’angélus d’un ciel qui sonne
son bleu joyeux à nos yeux.
Il m’offre ses parfums clairs
dans une tendre lumière,
un baume loin de la chair,
très pure fleur de mystère.
Une vibration candide
m’arrache à mon jour sans vie.
Il n’est plus de peurs sordides
en cette passion ravie.
Tu es là, seul, qui m’enlèves
hors de ces péchés sans joie,
hors de ces mesquines fièvres,
mon immense amour de proie !
Le temps passe sur ma lèvre
et je ne sens plus son doigt.
Les baisers dont Tu me sèvres
meurent d’un farouche émoi.
Soudain, Tu viens en mon être
comme un soleil au vitrail,
pour l’animer de ton rêve
au-delà de tout portail.
Je ne puis trouver l’image,
le verbe rythmé, le chant
qui rediraient ton passage
si doucement transperçant.
Mon Bien-Aimé, vigne mûre,
blé moulu pour mon souper,
divin fruit, Toi qui m’assures
de ton ciel et de ta paix,
Bien-Aimé, voilé d’archanges,
Invisible que j’étreins,
mon printemps parmi les branches
d’un vieux paradis éteint,
mon Amour, dans le matin
clarté nette et diaphane,
mon Amour si tu reviens
finis Ton œuvre en mon âme,
fais de moi Ton doux chagrin,
Tant Aimé qui ne dis rien
François DUCAUD-BOURGET.
Recueilli dans Anthologie de la Société des poètes français, t. I, 1947.