Providence
Au fond de cette allée obscure,
Toi qui viens t’attendrir et rêver à l’écart ;
Et toi peut-être encor, qui sens tourner le dard
De la douleur dans ta blessure,
Mortel ! qui que tu sois, au sein de la nature,
Ne te crois pas perdu, jeté par le hasard :
Oui : sur toi l’Éternel attache son regard.
Vois tous les soins qu’il prend et de la fleur champêtre,
Et de l’insecte obscur qui rampe sous tes pas :
Sur toi, qui peux l’aimer, l’entendre et le connaître,
Pourquoi ne veillerait-il pas ?
Je t’excuse pourtant. Ah ! tu pleures peut-être
Ton père, ton époux, ta femme, ton enfant :
Écoute, mon ami : celui qui les fit naître
Est celui qui te les reprend.
Rien n’est à nous. En l’adorant,
Courbe-toi devant le grand Être.
Tout ce qui nous convient, qui le sait mieux que lui ?
Nous connaîtrons un jour ce qu’il cache aujourd’hui.
Il est un avenir, par qui tout se répare.
Souvent notre bonheur naît d’un mal apparent.
Non, Dieu n’est point sans yeux, non, Dieu n’est point barbare ;
Il réunit ce qu’il sépare,
Et ce qu’il nous ôte, il le rend.
DUCIS.
Recueilli dans Choix de poésies
ou Recueil de morceaux propres à orner la mémoire
et à former le cœur, 1826.