À mon enfant
Morne et silencieux,
Dans un affreux délire,
Je cherche en vain des yeux
Celle qui sut me dire,
Dans un mignon sourire :
– Papa ! sois donc joyeux !
La mort, la triste mort,
Me l’a soudain ravie !...
Depuis ce coup du sort,
Rien ne me fait envie ;
La barque de ma vie
Est toujours loin du port !
Cruel et noir destin !
Pourquoi, dans ta surprise,
M’as-tu, l’autre matin,
Enlevé ma Louise,
Cet ange à grâce exquise,
Au doux rire argentin ?...
Mais ce n’est qu’un sommeil,
Cher papa, me dit-elle :
Tu verras, dans le Ciel,
Ma couronne immortelle,
Dans la gloire éternelle,
Un jour à ton réveil !
Cyprien DUMAS.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.