Les mains
L’homme regarde avec horreur
Son côté droit d’un blanc de pierre
L’autre côté celui du cœur
Aux chaudes teintes de la chair
Coule le sang près de la peau
Dans la main gauche épaisse et belle
La droite n’est qu’un amas d’os
Qui craque comme une crécelle
Main gauche pour saisir le monde
Main de vivant main d’homme fort
Main droite pour tracer en ronde
L’ultime volonté des morts
Main de désir main de hasard
Main d’aventure et main de choix
Main qui tient ferme le poignard
L’autre pour le signe de croix
Il la regarde cette main
Sa honte sa main de momie
Il la secoue il cherche en vain
À la jeter loin de sa vie
Philippe DUMAINE.
Recueilli dans Les poètes de la vie :
œuvres inédites d'auteurs contemporains,
choix de Louis Vaunois et Jacques Bour, 1945.