Dolor

 

 

Homme, si ton cœur saigne, exprimes-en l’essence :

Enferme-la, subtile, au flacon de cristal ;

Le malheur nous épie au jour de la naissance

Et s’attache à nos pas, implacable, fatal ;

Nos reins faiblissent sous le poids de la souffrance ;

Pleurer est enfantin, et se plaindre est banal ;

Dès cette vie, il faut laisser toute espérance

Ainsi que l’écrit Dante en son livre infernal.

Mais la douleur est là, source de poésie,

Et ses gémissements font les vers les plus beaux ;

Elle offre à notre lèvre un parfum d’ambroisie

Et de la route à suivre allume les flambeaux ;

Notre âme, en son creuset profond, se purifie :

Les lauriers les plus verts croissent sur les tombeaux !

 

 

 

A. DUMONT.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

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