Poème de Noël
La terre resplendit dans sa blancheur sans voiles
Et l’Empyrée étale aux regards éblouis
Son clair manteau d’azur que brodent les étoiles
Et la lune qui semble un énorme louis.
Tout sommeille en la nuit sereine... Le silence
Le plus pur emplit l’air de sa mysticité,
Mais un doux carillon soudain vibre et s’élance,
Comme un hymne d’espoir et de félicité.
Il monte radieux vers les astres sans nombre
Qui pâlissent l’éther de leurs feux languissants.
Il tinte allègrement dans la calme pénombre,
Et s’exhale au lointain en de joyeux accents...
La lune que surprend et charme ce mystère,
Penche sur le clocher un visage rêveur.
Et la cloche résonne, annonçant à la terre,
L’heureux avènement de Jésus, du Sauveur !
Car c’est Noël ! Noël !... car c’est la nuit biblique
Où la vierge donna le jour à l’Enfant-Dieu...
Ô mémorable nuit ! ô naissance angélique
Qui rendit immortel Bethléem, ce saint lieu !...
C’est Noël ; c’est le temps pour lequel les prophètes
Prédisaient le Messie aux humains anxieux.
C’est Noël ; c’est le temps des plaisirs et des fêtes,
Mais ces fêtes n’ont plus l’esprit religieux.
L’Église illuminée et que l’encens parfume
N’est plus le lieu choisi pour célébrer Noël :
C’est dans un cabaret où l’on crie et l’on fume,
Dans l’orgie et le vin que l’on s’élève au ciel !
Le siècle qui se meurt, sublime à la surface,
Laissera dans l’histoire un triste souvenir,
Car c’est un siècle impie et profane... Dieu fasse
Qu’il n’en soit pas ainsi pour le siècle à venir.
Pendé, décembre 1900.
Ernest DUMONT.
Paru dans La Jeune Picardie en 1900.