La procession
La faux sur son épaule et sonnant sa sonnette,
Comme un enfant de chœur, lorsque le vieux curé
Porte les sacrements sous un chaume éploré,
La Camarde s’avance à grands pas de squelette.
Derrière, en robe blanche, une blonde fillette
Se tresse une couronne avec les fleurs d’un pré ;
Puis, pâle, vient le long cortège à rang serré
Des riches et des gueux qu’un même Destin fouette.
Au delà du tombeau gardant l’ambition,
Tandis que pour ceux-ci le cercueil est la fête.
Dans la funèbre nuit ceux-là baissent leur tête.
Et, par monts et par vaux, va la procession ;
Sur l’herbe, au clair de lune, elle glisse, muette ;
La Mort seule, en marchant, fait tinter sa clochette.
Léon DUPLESSIS.
Paru dans L’Année poétique en 1906.