Ô volupté de vivre

 

 

Ô volupté de vivre une course éblouie !

Ivresse du pollen qui s’ébat en tout lieu ;

Microcosme du char où le Prophète Élie

Trouva le chemin d’or s’élevant jusqu’à Dieu !

 

Pourquoi gémir, enfant, devant ta destinée

Et te cristalliser sur un si bref séjour,

Alors qu’au cours du cycle où tournent les années,

Tu dois renaître, et vivre, et retrouver l’amour !

 

Souviens-toi que du fond d’astres inconcevables

Tu reverras passer les présents inquiets,

Et qu’en groupant les fleurs de tes jours innombrables

Tes mains en referont de merveilleux bouquets.

 

Un soir (promis à tous) d’un glissement d’haleine,

D’un geste de ton bras dérivant sans effort

Comme une folle avoine au fil d’une fontaine,

Tu t’en iras disant : « C’est donc cela la mort ? »

 

 

 

Marthe DUPUY, Du fond des abîmes.

 

Recueilli dans : Maurice Delorme, Le Blason des Poètes,

Anthologie du Syndicat des Journalistes et Écrivains,

Éditions de la Revue moderne, 1965.

 

 

 

 

 

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