Hymne aux oliviers

 

 

Ce torse de lutteur, arc-bouté pour la bataille ;

Ces racines agrippées qui enlacent la rocaille ;

Ce feuillage d’argent, sec, et secoué par le mistral

Et qui se déploie au soleil comme un lumineux éventail,

Est-ce image et symbole de paix ?

 

Mais dis-nous, ô paix belliqueuse,

Née de la lutte avec la corniche rocheuse,

Le secret de ce combat, de ce violent corps à corps

Entre ce qui est vivant et qui paraît mort ?

Quel rapport entre la paix et la bataille ?

 

L’âme des aïeux qui ont maîtrisé la pente raide

Où chaque palier de terre semble être un intermède

Qui rompt la dentelle blanche des rocs soigneusement empilés,

Cette âme plane sur les oliviers, les uns au-dessus des autres étagés,

Cette âme évoque des batailles qui sont messagères de paix.

 

En cette fin d’automne, la clarté du soleil ruisselle encor ;

Dans le couchant violet, la grappe de fruits étincelle comme de l’or ;

La voici qui rougeoie, elle est pourpre, elle est noire ;

Demain, elle sera prête à chanter, dans la mort, sa victoire,

A livrer, sous la vieille meule qui la broie, L’onguent sacré de la paix.

 

Paix des batailles gagnées par la pioche de l’ancêtre, vieux lutteur ;

Paix du combat secret livré dans les entrailles du sol par le tentacule vainqueur.

Paix mystique, en une nuit terrible où, sous l’olivier blafard l’Homme agonise ;

Paix qui s’épand sur les humains, et dissout le mal qui les divise ;

Paix, fruit de l’étreinte entre la Justice et l’Amour,

Paix soit sur nous.

 

 

 

Suzanne-Marie DURANDMes amis de Saint-Cézaire.

 

 

 

 

 

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