Ouverte sur le ciel...
Ouverte sur le ciel et des Anges éprise
Malgré les mots pervers d’un soir ou d’un matin,
Mon âme entend la voix que le siècle méprise
Et qui parle en secret plus haut que les instincts.
Quelque chose le crie au fond de ma nature :
L’être m’est mesuré pour plus d’une saison.
En vain la vaine Parque attend sur l’horizon,
Quand un homme a vêtu la robe sans couture.
Donc courage, mon âme ! et, ce jour même, élis
Le dessein conseillé d’un combat méritoire.
Par la grâce de Dieu prétendons à la gloire
D’unir la fleur pourprée au miracle des lys.
Le dur renoncement est une dédicace
Où se hâte en chantant le soldat courageux ;
Telle une ondée ardente en un ciel orageux,
Il fait des volontés grandir l’arbre vivace.
Le mal entre dans l’ombre et l’aspic dans les foins,
Le bonheur va fleurir sur les herbes amères.
De sa droite robuste et douce Dieu prit soin
D’envelopper de joie l’enfantement des mères.
Salut, ô bel Amour qui voles droit au ciel,
Simple comme un rayon, plus léger qu’un zéphyre !
La jeune Église élut, pour suivre ton appel,
De se laver aux eaux courantes du martyre.
Passé, passé le temps, où, comme l’eau frissonne
Sons le plus beau soleil, ainsi d’émois subtils
Mon âme s’agitait en un bruineux automne :
Je suis comme un brin d’herbe après la pluie d’avril.
Montez donc, mes désirs, jusques au firmament,
Plus outre, où vous savez qu’une sagesse unique
Par nos lointaines mains mystérieusement
Tisse notre fragile et divine tunique !
Qu’une grâce vitale, au plus profond de moi,
Désabuse ce cœur charmé des apparences,
Puisque le bel Amour nourrit mon espérance,
De prières, de pains mystiques, et de foi !
Georges DURET, L’heure de prime.
Recueilli dans Louis Chaigne,
L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,
Alsatia, 1938.