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Sur les plaines où sa jeunesse

N’a jamais rencontré de fleur,

Un jour, à son front, le rêveur

Sent une brise de tendresse.

 

Celui qui n’espérait plus rien

Voit vers lui l’amour qui se penche,

Tandis que tout un cœur s’épanche,

Il ne sait pourquoi, dans le sien.

 

À la voix douce qui l’attire

Il reprend confiance, un peu,

Et dans son âme revoit Dieu

Sous la lumière d’un sourire.

 

Mais ce bonheur, avec le temps,

S’il le charme, aussi l’épouvante ;

Il craint que ce baiser qui chante

Ne soit une erreur du printemps.

 

La douleur l’a pris de bonne heure

Et jeune encore l’a flétri ;

Puisque son front s’est assombri,

Pourquoi cet amour qui demeure ?

 

Pourquoi pas la simple pitié ?

Et, faisant retour sur lui-même,

S’il se croit digne d’amitié,

Il est presque honteux qu’on l’aime.

 

 

 

Émile DU TIERS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

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