Le dernier voyageur
Celui que Dieu veut combler de faveurs,
Il l’envoie parcourir le vaste monde,
Il veut lui faire voir ses merveilles :
Montagne et bois, fleuve et campagne.
Les indolents, qui se confinent au logis,
Ignorent la joie exaltante de l’aurore,
Ce ne sont pour eux qu’enfants à bercer,
Chagrins, corvées, pain à gagner.
Les ruisseaux s’élancent du haut des montagnes,
Les alouettes s’envolent dans une ivresse de plaisir,
Pourquoi ne chanterais-je pas avec eux,
De toute ma force, de toute ma joie ?
Je laisse le bon Dieu gouverner à sa guise ;
Ruisseaux et alouettes, bois et campagne,
Et la terre, et le ciel, il en prend soin :
Pour moi aussi il a fait pour le mieux !
Joseph von EICHENDORFF, Dernier retour,
Orphée / La Différence, 1989.
Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.