Le joyeux voyageur

 

 

Quand Dieu veut manifester une vraie faveur,

Il t’envoie dans le vaste monde,

Il veut te montrer ses merveilles

Par monts, forêts, fleuves et champs.

 

Les fainéants sont dans leur lit

Ignorant la joie des aurores,

Ils ne connaissent que berceaux,

Tracas, peines et souci du pain.

 

Les ruisseaux dévalent des monts,

Là-haut les alouettes s’égosillent,

Que ne chanterais-je avec elles

À tue-tête et clairs poumons ?

 

Je laisse faire simplement le bon Dieu :

S’il veille aux ruisseaux, aux alouettes,

À terre et ciel, forêts et champs,

Il pourvoira au mieux pour moi.

 

 

 

Joseph Benedikt von EICHENDORFF.

 

Recueilli dans Anthologie bilingue

de la poésie allemande,

Gallimard, 1993.

 

 

 

 

 

 

 

 

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